Réforme des retraites : Non, l’abaissement à 60 ans ne doublerait pas l’impôt sur le revenu
Depuis les premiers pas de la réforme des retraites, les députés de la majorité écument les plateaux de télévision pour défendre les décisions du gouvernement. Selon eux, décaler l’âge du départ à la retraite à 64 ans serait plus juste pour l’ensemble de la population. A contrario, abaisser la retraite à 60 ans, comme le souhaite une partie la Nupes, créerait de nombreuses inégalités.
Au micro de BFMTV, le député Renaissance Mathieu Lefèvre a mentionné les alternatives à cette réforme. « Quand j’entends qu’on me propose la retraite à 60 ans, ça coûte 90 milliards d’euros par an et ça veut dire qu’on va doubler l’impôt sur le revenu des personnes qui le payent ». Un chiffre surprenant que 20 Minutes a décidé d’analyser.
90 milliards d’euros, voici une belle somme dont la source interroge forcément. D’après le député Mathieu Lefèvre, le calcul provient du chiffrage réalisé par l’Institut Montaigne lors de l’élection présidentielle précédente. Concernant le programme du candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon, l’Institut Montaigne avait expliqué que rétablir la retraite à 60 ans après 40 années de cotisation engendrait une dépense de 85,8 milliards d’euros.
Or, lors de ses calculs, l’Institut Montaigne met en avant plusieurs scénarios. Un scénario médian avec « un retour sur toutes les mesures d’âges depuis 1993 » et « des règles de calcul de la pension versée sur les 10 meilleures années ». C’est ce scénario qui est évalué à 85,8 milliards d’euros. Le scénario haut avec la revalorisation de toutes les pensions est estimé à 112,8 milliards contre 36 milliards pour le scénario bas.
Un chiffre également mis en avant par le ministre du Travail Olivier Dussopt sur le plateau de Cnews, le 23 janvier dernier. « Quand je vois fleurir des pancartes, initiées notamment par la France insoumise, et plus largement par une partie de la gauche, appelant à la retraite à 60 ans, il faut rappeler aux Françaises et aux Français, que revenir à la retraite à 60 ans aujourd’hui, c’est 85 milliards d’euros par an, ce n’est juste pas possible ».
Les cotisations davantage utilisées
Pour l’économiste Michaël Zemmour, les chiffres ne sont pas bons chez Renaissance. Selon le simulateur du COR [qui est actuellement en maintenance], abaisser l’âge de départ à la retraite coûterait en réalité 1,7 point du PIB de la France. Un chiffre qui se rapprocherait davantage des 45 milliards d’euros.
Mais la comparaison devient un peu plus farfelue lorsque le député mentionne l’impôt sur le revenu. D’après Michaël Zemmour, « l’impôt sur le revenu n’est pas l’impôt le plus naturel de financement pour les retraites ». En effet, les retraites reposent davantage sur les cotisations sociales. « A priori, il n’y a pas de lien entre impôt sur le revenu et les retraites, ce qui fait que la citation est doublement décalée, à la fois sur le montant et le mode de financement », poursuit l’économiste.
55 milliards selon les Insoumis
Lundi, les députés de la France insoumise présentaient leur contre-réforme des retraites
lors d’une conférence de presse. Ils ont plaidé une nouvelle fois pour une pension minimum à 1.600 euros net pour les carrières complètes et un minimum de vieillesse à 1.128 euros. D’après la France insoumise, leur réforme serait largement finançable et constituerait une alternative à la proposition du gouvernement.
Selon eux, le coût lié à un âge légal ramené à 60 ans et à la revalorisation des pensions et du minimum vieillesse serait de 55 milliards d’euros, dont 27 milliards qui serviraient à financer l’abaissement. La moitié serait effectivement financée par l’augmentation des cotisations. Pour faire des économies, le parti insoumis prévoit la réduction de certaines « niches sociales », et notamment « l’allègement de cotisations sur les salaires supérieurs à 2,5 Smic ».